KOUAKOU Aymard

Effet de la gestion des résidus d’abattage sur la biodiversité du sol et ses fonctions associées dans les replantations d’hévéas (Hevea brasiliensis Müll. Arg., 1865) en Côte d’Ivoire

Thèse soutenue le  22 juillet 2023 - Université Nagui Abrogoua, Côte d'Ivoire

 

La restauration de la santé des sols après la fin de vie d’une plantation constitue un enjeu majeur pour lutter contre la pression foncière et la déforestation. L’objectif de cette thèse était d’évaluer les effets de la restitution de matières organiques sur le fonctionnement biologique du sol lors du processus de replantation des hévéas. Cette étude avait pour ambition de tester quatre hypothèses principales : (i) la résistance des organismes du sol à la perturbation varie en fonction de leur affiliation taxonomique ; (ii) l’apport de matières organiques favorise la résilience de la biodiversité du sol après l’abattage des hévéas ; (iii) les approches basées sur les caractéristiques fonctionnelles sont pertinentes pour caractériser le rôle fonctionnel des organismes du sol ; (iv) il existe des liens étroits entre les différents organismes étudiés et le fonctionnement du sol dans le contexte de la culture de l’hévéa. Pour tester ces hypothèses, nous avons mis en place une expérience sur 5 hectares dans deux plantations industrielles d’hévéas en Côte d’Ivoire, caractérisées par des propriétés édaphiques différentes. Nous avons mis en place différents niveaux de matières organiques sous forme de résidus d’abattage et de légumineuses (Pueraria phaseoloides) dans chaque site. La réponse des communautés d’organismes du sol, comprenant les micro-organismes, les nématodes, les collemboles et la macrofaune, a été évaluée à intervalles de six mois pendant une période de 24 mois dans chaque traitement. La macrofaune du sol a été échantillonnée à l’aide de la méthode des monolithes, tandis que les collemboles ont été capturés à l’aide de pièges fosses. Des échantillons de sol ont été prélevés dans les interlignes, dans la couche supérieure du sol (0-10 cm), pour extraire les nématodes libres selon la méthode modifiée de Sheinhort, et pour analyser les communautés microbiennes grâce à des analyses moléculaires (ADNr 16S et 18S). En parallèle, nous avons mesuré in situ les fonctions du sol, telles que la transformation du carbone, le cycle des nutriments et le maintien de la structure du sol, à l’aide de la méthode biofunctool. Les résultats de l’étude ont révélé une diminution importante de l’abondance, de la biomasse et des modifications de la composition taxonomique et fonctionnelle des différents groupes d’organismes du sol après l’abattage des hévéas, quel que soit le site. Toutefois, l’application de résidus d’abattage combinée à la légumineuse a eu un effet positif sur les caractéristiques des communautés de certains organismes du sol dans les deux sites. De plus, nous avons constaté que la diversité fonctionnelle des collemboles augmentait en fonction de la quantité de matières organiques restituée au sol. Des corrélations positives significatives ont été observées entre la densité des nématodes, la diversité de la macrofaune, la biomasse microbienne et certaines fonctions du sol. Cette étude confirme que l’apport de matières organiques joue un rôle central dans la résilience du fonctionnement biologique du sol lors des replantations d’hévéas. Cependant, cette résilience dépend à la fois des propriétés édaphiques du sol et de la quantité de matières organiques appliquée. Il est possible que la période de suivi de 24 mois ne soit pas suffisante pour permettre une restauration complète de la structure initiale des communautés. Des études supplémentaires seront nécessaires pour évaluer les effets à long terme de l’apport de matières organiques, couvrant ainsi les 6 années de la phase immature de plantation d’hévéas.
Mots clés : Biodiversité, Sol, Matière organique, Hévéa, Replantation, Résilience, Côte d’Ivoire.

 

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