Le projet FERTIM : améliorer la fertilité des plantations d'hévéas pendant la phase immature
Question du projet
Comment restaurer la santé des sols après l’abattage d’une plantation en fin de vie ?
Contexte
Les plantations d’arbres comme l’hévéaculture impactent ils la biodiversité et la santé des sols ?
La perte de biodiversité du sol actuelle a pour principal origine le changement d’usage des terres et l’intensification agricole. Comprendre l’impact de cette perte sur le fonctionnement des écosystèmes est un enjeu scientifique majeure. L’hévéaculture, 3eme plante pérenne tropicale d’où provient le caoutchouc naturel, est un cas d’étude intéressant. Des travaux récents en Thaïlande ont montré que la perte de biodiversité du sol était liée aux cycles de plantations reconduits sur la même parcelle. Ainsi après 3 cycles de replantations successives d’hévéas (soit 75 ans), un point de bascule a été atteint. Il se traduit par une diminution concomitante de la qualité physico-chimique du sol et de sa biodiversité entre le 2ème et le 3ème cycle de plantation (Panklang et al., 2021, 2022). Ce lien biodiversité-fonction au sein des cycles successifs de plantations d’hévéa en lien avec la production et les cycles biogéochimiques constitue la problématique générale de ce projet.
Cadre de l’étude
L’hévéaculture en Côte d’Ivoire
En Côte d’Ivoire, les planteurs d’hévéas assistent à cette dégradation des sols après plusieurs cycles de plantations. Le risque le plus important de dégradation du sol a lieu pendant la phase de replantation, entre l’abattage d’une vieille plantation et la plantation du cycle suivant. Pendant ce temps, le sol subit de nombreuses perturbations : tassement, déstructuration, augmentation de la température de surface, perte de nutriments et de carbone, etc. Ces perturbations sont principalement liées à l’ouverture du milieu suite à l’abattage, aux passages d’engins lourds et à au sous-solage à 60 cm de profondeur. Comment atténuer les effets de ces pratiques sur la biodiversité et la qualité des sols constitue la question de ce projet
Objectifs du projet
Tester des nouvelles pratiques agroécologiques pour restaurer les sols
L’objectif général est de déterminer si des pratiques culturales innovantes, après replantation, peuvent améliorer le fonctionnement du sol via une restauration des assemblages biologiques à l’origine de ces fonctions et services. Ces pratiques innovantes correspondent à l’utilisation des résidus d’abattage (feuilles, troncs, souches, branches de la précédente plantation, cf. photo du dispositif) et d’une légumineuse. Ce dispositif s’appuie sur l’importance pour le bio-fonctionnement du sol de l’apport de différents pools de matière organique.
Approche méthodologique et originalité du projet
C’est la première approche diachronique (mesure sur 6 ans) de l’impact de l’hévéaculture sur la diversité et le fonctionnement des sols. Ce projet s’appuie sur une caractérisation globale de la biodiversité du sol (microorganismes, nématodes, collemboles et macrofaune) via une approche taxonomique mais aussi fonctionnel (approche traits) et une mesure concomitante de fonctions du sol (transformation du carbone, maintien de la structure et cycle des nutriments (cf https://www.cirad.fr/espace-presse/communiques-de-presse/2021/cultures-d-hevea-restauration-sols-agroecologie) avec le kit de santé des sols BIOFUNCTOOL développée au sein d’ECO&SOLS (Brauman et Thoumazeau, 2020).
Date
2018- 2022 (phase 1) 2022-2025 Phase 2
Thèses associées
Aymard Kouakou Kouakou (IRD)
Thibaut Perron (CIRAD)
Référence
Perron Thibaut, Kouakou Aymard, Simon Charlotte, Mareschal Louis, Gay Frédéric, Soumahoro Mouman, Kouassi Daouda, Rakotondrazafy Nancy, Rapidel Bruno, Laclau Jean-Paul, Brauman Alain. 2021. Logging residues promote rapid restoration of soil health after clear-cutting of rubber plantations at two sites with contrasting soils in Africa. Science of the Total Environment, https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2021.151526.
Partenaires
Université NANGUI ABROUGOUA, Abidjan Côte d’Ivoire
Financement
Société financière des Caoutchoucs (SOCFIN),
MICHELIN,
Institut Français du Caoutchouc (IFC),
Société Africaine des Plantations d’Hévéas (SAPH),
Société des Caoutchoucs de Grand-Béréby (SOGB).
Contact et Informations
Alain Brauman, UMR Eco&Sols, IRD Montpellier
email :