Soutenance de thèse - Saison 2025 - Chao FEI
Demain, Jeudi 20 nvembre 2025 à 14h (CEST)
Chao FEI (INRAE, UMR Eco&Sols)
Salle 204, bâtiment 11 - Institut Agro Montpellier, Bâtiment 9, 2 Place Pierre Viala, 34060 Montpellier, France
Meeting's ZOOM link: https://institut-gro.zoom.us/j/99252826353?pwd=h2zVSs5YnMY0z3OzQLSK5sTJ2bmKp4.1
Résumé
La réduction de la dépendance aux engrais phosphatés (P) minéraux est essentielle pour assurer la durabilité environnementale des agroécosystèmes et préserver les ressources fossiles en P. Le recyclage du phosphore passe par l’utilisation des formes organiques du P qui peuvent représenter jusqu’à 30% du P total dans un sol. Le processus de minéralisation permet aux plantes de prélever du P du réservoir organique. Parmi les différents réservoirs de P organique, celui contenu dans la biomasse microbienne est parmi les plus labiles et sensibles aux pratiques jouant ainsi un rôle central dans le cycle du P du sol.
Cette étude examine la teneur en P dans la biomasse microbienne de sols agricoles et porte une attention particulière à l’impact de l’hétérogénéité spatiale induite par l’agroforesterie intra parcellaire. Plus précisément, la thèse intègre trois volets complémentaires: (i) une méta-analyse à l’échelle mondiale évaluant les effets des pratiques agricoles sur la teneur en P de la biomasse microbienne des sols dans l’horizon de surface (0-20cm); (ii) une étude de terrain dans un système agroforestier méditerranéen évaluant les variations spatiales (en fonction de la distance aux arbres et en profondeur) des stocks et formes de P du sol ainsi que du turnover du P microbien ; et (iii) une expérience en milieu contrôlée (incubation de 21 jours avec double marquage isotopique 18O et 13C) pour comprendre le métabolisme microbien et les interactions entre C, N et P dans les processus de transformation du P.
Les principaux résultats de la méta-analyse révèlent que la fertilisation minérale et organique augmente significativement la teneur en P dans la biomasse microbienne du sol (+65 % et +61 %, respectivement). Les variations en P disponible et en C organique du sol sont respectivement le premier et deuxième prédicteur des variations de teneur en P de la biomasse microbienne. L’étude sur terrain agroforestier révèle que les arbres accompagnés du linéaire sous arboré (bande de végétation sous la ligne d’arbre) ont significativement augmenté le P organique moyennement labile dans le sol, et ce, probablement en raison d’une plus grande accumulation de P microbien. Une augmentation du carbone organique du sol et des rapports C/P et N/P a également été induite par les arbres et le linéaire sous arboré, reflétant une transition vers des communautés microbiennes plus actives mais potentiellement limitées par le P, comme en témoignent l’augmentation de la respiration basale du sol et de l’activité spécifique des phosphatases.
Que ce soit sous les arbres ou dans la culture, la composition isotopique de l’oxygène du P disponible (δ18O_Pres) dans l’horizon de sol 0–50 cm suggère une contribution du P microbien mais aussi du P issu des phases minérales. L’expérience d’incubation a montré que les apports de C, en particulier lorsqu’ils sont combinés avec de l’azote stimulent significativement la croissance microbienne et immobilisent rapidement le P disponible dans la biomasse. Seul le traitement ayant reçu à la fois du carbone et de l’azote solubles a augmenté la libération du P microbien dans le pool disponible, ce qui a probablement été causé par une re-minéralisation du P microbien microbienne plus.
Ce travail démontre, en contexte cultivé, l’importance de la biomasse microbienne des sols dans le cycle du P.
Mots-clés : Agroforesterie ; pratiques agricoles ; marquage isotopique ; transformation biologique du phosphore ; accumulation de carbone ; sous-sol
Abstract
Reducing dependence on mineral phosphorus (P) fertilizers is essential for ensuring the environmental sustainability of agroecosystems and preserving fossil P resources. Phosphorus recycling relies on the use of organic P forms, which can represent up to 30% of total soil P. Through mineralization, these organic forms can be transformed into plant-available P. Among the different organic P pools, the fraction contained in the microbial biomass is among the most labile and sensitive to management practices, and thus plays a central role in soil P cycling.
This study examines microbial biomass P content in agricultural soils, with particular attention to the impact of spatial heterogeneity induced by within-field agroforestry. More specifically, the thesis integrates three complementary components: (i) a global meta-analysis evaluating the effects of agricultural practices on soil microbial biomass P content in the surface horizon (0–20 cm); (ii) a field study in a Mediterranean agroforestry system assessing spatial variations (as a function of distance to trees and soil depth) in soil P stocks and forms, as well as in microbial P turnover; and (iii) a controlled-environment experiment (a 21-day incubation with dual 18O and 13C isotope labelling) to understand microbial metabolism and C–N–P interactions in P transformation processes.
The main results of our meta-analysis show that both mineral and organic fertilization significantly increase soil microbial biomass P content (+65% and +61%, respectively). Variations in available P and soil organic C are the first and second predictors, respectively, of changes in microbial biomass P content. The agroforestry field study reveals that trees combined with the understory vegetation strip beneath the tree rows significantly increased moderately labile organic P in the soil, probably due to greater microbial organic P accumulation. An increase in soil organic C and in C/P and N/P ratios was also induced by trees and the understory vegetation strip, reflecting a shift towards more active but potentially P-limited microbial communities, as evidenced by higher basal soil respiration and specific phosphatase activity.
Whether under the trees or in the crop rows, the oxygen isotopic composition of available P (δ18O_Pres) in the 0–50 cm soil horizon suggests contributions from both microbial P and P derived from mineral phases. The incubation experiment showed that C inputs, especially when combined with nitrogen, significantly stimulated microbial growth and rapidly immobilized available P in microbial biomass. Only the treatment that received both labile carbon and nitrogen (CN treatment) increased the release of microbial P into the available P pool, which was probably caused by stronger microbial P re-mineralization.
Overall, this study demonstrates the importance of microbial turnover of P in agricultural soils.
Keywords: Agroforestry; agricultural practices; isotopic labeling; phosphorus biological transformation; carbon accumulation; subsoil
Devant le jury composé de
- Laurent AUGUSTO, Directeur de recherche, INRAE – Rapporteur
- Gwenaëlle LASHERMES, Directrice de recherche, INRAE – Rapporteure
- Stéphane DE TOURDONNET, Professeur, L’Institut Agro Montpellier – Examinateur
- Isabelle BERTRAND, Directrice de recherche, INRAE – Examinatrice / Directrice de thèse
- Chiara PISTOCCHI, Maîtresse de conférences, Institut Agro Montpellier – Co-encadrante de thèse

Conférence ONU Climat -- COP 30 CCNUCC

