Comment les plantations familiales peuvent-elles s’adapter aux changements globaux ?
Les plantations tropicales d'arbres, dont les petits planteurs représentent la majorité des surfaces et de la production, fournissent des biens renouvelables essentiels pour la demande mondiale. Pour garantir la durabilité plantations, les conditions environnementales et socio-économiques doivent rester favorables durant plusieurs décades. Comment de telles conditions peuvent-elles être garanties dans un environnement changeant ?
Même si les conséquences locales du réchauffement global sont difficiles à estimer, il est probable que les agriculteurs vont devoir faire face à un climat plus variable. De plus, toutes les ressources naturelles font face à de très fortes variations de cours liés à la demande mondiale. Des cours élevés attirent de nouveaux investisseurs et incitent à l’extension des plantations vers de nouvelles zones, induisant risques et compétition.
Objectifs et stratégie de recherche
Analyser comment les plantations familiales, peuvent s’adapter et demeurer viables alors qu’elles font face à des conditions climatiques variables et à de profonds changements socio-économiques. Comment les agriculteurs perçoivent-ils les risques et quelles stratégies d’adaptation mettent-ils en œuvre ?
Les plantations d'hévéa en Thaïlande seront utilisées comme un modèle de plantations familiales tropicales insérées dans une filière agro-industrielle globalisée. Le projet s’attachera aux particularités de l'hévéaculture et aux caractères généraux des plantations d’arbres. L’originalité du projet tient à son approche multidisciplinaire aussi bien pour la caractérisation des changements – biophysiques et socio-économiques - que pour leurs conséquences sur les plantations et les risques induits pour les planteurs. La biologie et les sciences du sol seront associées aux sciences sociales et à l’économie. Nous analyserons comment les interactions entre facteurs biophysiques et facteurs socio-économiques déterminent les stratégies de réaction des planteurs. Cela nécessitera l'identification d'indicateurs pertinents pour mesurer l'adaptation des agriculteurs et les impacts des changements sur la durabilité des systèmes.
Nous construirons notre cadre d’analyse à partir du Sustainable Rural Livelihood framework (Ellis, 2000) combiné à la matrice des risques de l'OCDE (2009). Nous proposerons une méthodologie pour apprécier la vulnérabilité et évaluer le potentiel de viabilité des exploitations familiales. Les principaux risques biophysiques sont liés aux changements climatiques et à l'extension des plantations dans des zones nouvelles et plus difficiles. Nous évaluerons les risques depuis la parcelle jusqu’au bassin versant, en termes de durabilité des sols (préservation de la fertilité des sols liée à leur propriétés physiques et leur biodiversité fonctionnelle) et d'adaptation des arbres au stress hydrique.
Les contraintes écologiques spécifiques liées aux différentes zones de culture seront considérés. Dans la zone d'extension NE, le climat est plus sec et la fertilité du sol est faible, tandis que dans la zone traditionnelle (S) une monoculture continue d’hévéa a lieu depuis plus de 50 ans. Dans le Nord, la question spécifique est l'installation des plantations en zone de montagne, avec fort risques d’érosion. Une typologie des exploitations et des systèmes de cultures sera proposée à partir d'enquêtes socio-économiques, en particulier en ce qui concerne les systèmes de gestion des sols et de récolte du latex.
L'impact des pratiques sur les performances économiques et sur l’état physique des sols et leur bio-fonctionnement sera évalué au moyen d'indicateurs spécifiques qui seront développés ou adaptés dans la perspective de l'évaluation multicritères des systèmes de plantation. Au-delà des spécificités de l’hévéaculture, cette étude permettra de définir les indicateurs les plus pertinents pour évaluer la capacité d’adaptation à long terme et la viabilité des systèmes familiaux de plantation.
La thèse d'Alexis Thoumazeau s'effectue dans le cadre de ce projet
Date
2014 - 2017
Partenaires
- CIRAD, UPR Systèmes de Pérennes
- SupAgro, CIRAD, UMR Innovations
- SupAgro, CIRAD, INRA, CIHEAM, UMR MOISA
- UPMC, UPEC, Paris Diderot, CNRS, IRD, INRA, UMR iEES
- Asian Insitute of Technology, Bangkok, Thailand
- HRPP Platform Thailand
- LUSES joint International laboratory
Financement
ANR
Contact
Philippe Thaler, Eco&Sols, CIRAD Thaïlande
email :